ERASME Page 84
Mais voici des gens qui sont, sans contredit, tout à fait des
nôtres. Je veux
parler de ceux qui se plaisent à écouter ou à
débiter toutes ces fables
ridicules de miracles et de prodiges.
Avec quel plaisir, avec quelle avidité le peuple n'écoute-t-il
pas toutes ces
histoires incroyables de spectres, d'esprits, de revenants, d'enfer, et tous
les autres prodiges de cette espèce ! Plus le narrateur s'écarte
de la
vraisemblance, plus il est sûr d'en imposer à ses auditeurs, et de
chatouiller
agréablement leurs oreilles avides.
II ne faut pourtant pas croire que toutes ces choses n'aboutissent qu'à
désennuyer ceux qui les disent ou qui les écoutent; elles ont une
utilité bien
plus solide, elles servent à faire bouillir la marmite des prêtres
et des
moines.
Encore un penseur qui n'est pas respectueux des
préceptes immuables de son époque.
Souvent j'entends dire: "Il faut replacer le texte dans son contexte
historique",
pour justifier certaines inepties sur l'esclavage et la misogynie par exemple
(les épîtres de Paul en sont truffées). Erasme au XVI e
siècle n'hésite pas à
se lever contre les tabous.
Qui oserait dire aujourd'hui que nos dirigeants (politiques ou privés)
et
leurs
serviteurs: certains journalistes
*
(par exemple), ne pensent qu'à leur
marmite en
nous racontant des fariboles et qu'ils cherchent à nous emburelucocquer
*
l'esprit
juste pour leur intérêt.