Extraits de la lettre du 26 septembre 1885 d'Élisée Reclus (1830-1905)

Clarens Vagi, le 26 septembre 1885    
Compagnons,

  Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n'est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l'exercice du droit de suffrage. . . .

Voter, c'est abdiquer; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. . . .

Voter, c'est être dupe; c'est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d'une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre . . . .

Voter, c'est évoquer la trahison.  . . .  Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui, le candidat s'incline devant vous, et peut-être trop bas; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres  . . . 

Élisée RECLUS, Lettre adressée à Jean Grave
(in Le Révolté, 11 octobre 1885)

En bon citoyen je vais voter à chaque élection. Je me demande si c'est bien utile.
Un élu avait promis la baisse des impôts. Il a juste oublié de préciser que c'était pour les plus riches. Nos élus sont trop éloignés des préoccupations des citoyens. Ils vivent dans un milieu artificiel entourés d'artistes (avec lesquels ils copulent parfois), de journalistes mondains (idem), de conseillers qui sont des flatteurs ou des publicitaires ou des lobbies. Seraient-ils en plus corrompus?
Mais ne pas voter, c'est soutenir le pouvoir "jupitérien" ou laisser le nationalisme et sa vulgarité populiste se développer.