SPINOZA _ L'ÉTHIQUE
Quatrième partie _ "De la servitude humaine"

PROPOSITION LIV
Le repentir n'est pas une vertu, autrement dit ne naît pas de la Raison ; mais celui qui se repent de ce qu'il a fait est deux fois malheureux ou impuissant.

DÉMONSTRATION
La première partie de cette proposition se démontre comme la proposition précédente. Quant à la seconde, elle est évidente d'après la seule définition de ce sentiment ([...]). Car on se laisse vaincre d'abord par un mauvais (prava) désir, ensuite par la tristesse.

Vous pouvez trouver cet extrait immoral voire révisionniste en ces temps de repentance tout azimut. C'est seulement un raisonnement hors de toutes passions. Il n'est pas possible d'accuser Spinoza de révisionnisme il n'en avait même pas la notion. Son point de vue est juste amoral.

En complément un extrait de la définition de "repentir" du dictionnaire du XIX e siècle de Pierre Larousse.

Le christianisme enseigne que le repentir, ou la contrition sincère, suffit pour laver le coupable de sa faute. Nous aurions plus d'une remarque à faire contre une pareille théorie, telle surtout qu'elle est présentée par la doctrine chrétienne. C'est à coup sûr une idée consolante pour le coupable de se dire :« Quel que soit mon crime, je me repentirai, et la faute sera lavée. » Mais c'est chose assez singulière que le repentir puisse refaire une virginité. Nous connaissons l'histoire de Madeleine, la pécheresse repentie. "Avec une pareille théorie, un bagne pourrait devenir une réunion de gens vertueux. La société y gagnerait sans doute; mais elle gagnerait encore plus à ce que personne ne se mît en état de se repentir.

Il vaut mieux substituer au repentir la réparation des actes qui sont à l'origine de celui-ci et de ne pas les renouveler. Utiliser le passé pour progresser c'est mieux que de se battre la coulpe et de s'auto-pardonner pour repartir à zéro et recommencer.