Le repentir n'est pas une vertu, autrement dit ne naît pas de la Raison ;
mais
celui qui se repent de ce qu'il a fait est deux fois malheureux ou impuissant.
DÉMONSTRATION
La première partie de cette proposition se démontre comme la
proposition
précédente. Quant à la seconde, elle est évidente
d'après la seule définition
de ce sentiment ([...]). Car on se laisse vaincre d'abord par un mauvais
(prava) désir, ensuite par la tristesse.
Vous pouvez trouver cet extrait immoral voire révisionniste en ces temps
de
repentance tout azimut.
C'est seulement un raisonnement hors de toutes passions. Il n'est pas possible
d'accuser Spinoza de révisionnisme il n'en avait même pas la
notion. Son point
de vue est juste amoral.
En complément un extrait de la définition de "repentir" du
dictionnaire du XIX
e
siècle de Pierre Larousse.
Le christianisme enseigne que le repentir, ou
la contrition sincère, suffit pour laver le coupable de sa faute. Nous
aurions
plus d'une
remarque à faire contre une pareille théorie,
telle surtout qu'elle est présentée par la doctrine
chrétienne. C'est à coup
sûr une idée
consolante pour le coupable de se dire :« Quel
que soit mon crime, je me repentirai, et la
faute sera lavée. » Mais c'est chose assez singulière que le
repentir puisse
refaire une virginité. Nous connaissons l'histoire de Madeleine, la
pécheresse
repentie. "Avec une pareille théorie, un bagne pourrait devenir une
réunion de gens vertueux. La société y gagnerait sans
doute; mais elle
gagnerait encore plus à ce que personne ne se mît en état
de se repentir.
Il vaut mieux substituer au repentir la réparation des actes qui sont
à
l'origine de celui-ci et de ne pas les renouveler. Utiliser le passé pour
progresser c'est mieux que de se battre la coulpe et de s'auto-pardonner pour
repartir à zéro et recommencer.