LE RAT QUI S'EST RETIRÉ DU MONDE | |
Les Levantins en leur légende
Disent qu'un certain Rat, las des soins d'ici-bas, Dans un fromage de Hollande Se retira loin du tracas. La solitude étoit profonde, S'étendant partout à la ronde. Notre ermite nouveau subsistoit là dedans. Il fit tant, de pieds et de dents, Qu'en peu de jours il eut au fond de l'ermitage Le vivre et le couvert : que faut-il davantage? Il devint gros et gras : Dieu prodigue ses biens A ceux qui font vu d'être siens. Un jour, au dévot personnage Des députés du peuple rat S'en vinrent demander quelque aumône légère: Ils alloient en terre étrangère Chercher quelque secours contre le peuple chat; Ratopolis étoit bloquée |
On les avoit contraints de partir sans argent,
Attendu l'état indigent De la république attaquée. Ils demandoient fort peu, certains que le secours Seroit prêt dans quatre ou cinq jours. « Mes amis, dit le Solitaire, Les choses d'ici-bas ne me regardent plus; En quoi peut un pauvre reclus Vous assister? que peut-il faire Que de prier le Ciel qu'il vous aide en ceci? J'espère qu'il aura de vous quelque souci. » Ayant parlé de cette sorte, Le nouveau saint ferma sa porte. Qui désignai-je, à votre avis, Par ce Rat si peu secourable? Un moine? Non, mais un dervis * . Je suppose qu'un moine est toujours charitable. |
La Fontaine fait-il preuve d'ironie?
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