Didier NORDON
Il enseigne les mathématiques à l'Université de Bordeaux I.
Il est également
l'auteur de la rubrique
Bloc-Notes de la revue "Pour la Science".
Il s'intéresse plus particulièrement aux interactions entre
science et société.
Quand j'étais élève et que je disais à un
professeur que je n'avais pas compris
une explication, sa réaction était souvent de demander : «
Qu'est-ce que vous
n'avez pas compris ? » J'étais incapable de répondre. Pardi
! Pour pouvoir
préciser clairement en quoi consistait ce que je n'avais pas compris, il
aurait
fallu que je l'aie compris !
Devenu professeur, quand un étudiant disait qu'il n'avait pas compris,
je me
suis surpris maintes fois sur le point de demander : « Qu'est-ce que vous
n'avez pas compris ? » Pardi ! Si l'étudiant ne me disait pas ce
qui n'allait
pas, comment voulait-il que je le lui réexplique ? Il me fallait
fortement
repenser à mon expérience d'élève pour
empêcher la question de sortir de mes
lèvres.
Tant qu'un point n'est pas compris, on n'arrive pas à se le
représenter. Quand
il est compris, on n'arrive pas à se souvenir de l'état d'esprit
dans lequel se
trouve celui qui ne l'a pas compris. Moralité :
être professeur est aussi
difficile qu'être élève, et ces deux professions ne sont
pas faites pour
travailler ensemble.