Henri Roorda

Pédagogue suisse

Opuscule écrit en 1913

Rubrique: "Une école meilleur"



  Ce que l'enfant apprend à l'école ne doit pas être moins intéressant que ce qu'il apprend ailleurs. Il ne suffit plus de lui dire : « Ne fais pas ceci : c'est le mal; ne fais pas cela, c'est défendu. » Pour le rendre capable de résister à quelques-unes des tentations qui le menacent, il faut lui révéler des modes d'activités passionnants ; il faut développer en lui des goûts salutaires.


Ce texte date de 1913; à cette époque le PC, Internet, la télévision, le téléphone portable, les tablettes n'existaient pas. L'école est souvent restée à l'emploi du cahier, du manuel et du tableau noir. La mission du pédagogue devient de plus en plus difficile.
Comment intéresser un écolier à l'orthographe quand il a un correcteur sur son PC?
Comment l'intéresser au calcul quand une simple calculette peut le faire?
Pourquoi apprendre l'histoire ou la géographie, quand on trouve tout sur Internet?
Cette profusion d'outils encouragent à la paresse et détruisent chez l'élève son propre arbitrage. En calcul s'il fait des erreurs de frappe il est incapable de détecter une incohérence. Par exemple s'il trouve que la distance de Paris à Marseille est de plusieurs millions de kilomètres, ça ne l'étonnera pas. S'il recherche des documents sur l'Egypte sur Internet; il peut tomber sur des sites ésotériques farfelus ou sectaires.
Le rôle du pédagogue doit ajouter à sa fonction de transmettre une connaissance, la mission de développer l'esprit critique des élèves. Qu'ils apprennent à contrôler la cohérence de leurs travaux ou de leurs informations et à ne pas confondre publicité et notoriété, fiction et réalité, discours racoleur et vérité.
Il n'y a plus de véritable formation des pédagogues. On leurs demande seulement d'être diplômés dans la matière qu'ils doivent enseigner.
L'enseignement ne doit pas être un simple déversoir de la connaissance du prof vers l'élève. Ce devrait, de plus en plus, être une formation à la gestion des connaissances et à l'esprit critique, pour compenser le bourrage de crane de la publicité, des informations partiales ou déformées (télé et Internet).