FRANCOIS RABELAIS (1494-1553)

Prêtre, bénédictin, médecin, écrivain, il a glissé dans ses romans burlesques des idées qui sont encore à notre époque dérangeantes pour les religions et l'ordre établi.

Gargantua; ChapitreVI: "Comment Gargantua naquit en façon bien étrange"


Par cet inconvénient furent au-dessus relâchés les cotylédons de la matrice, par lesquels sursauta l'enfant, et entra en la veine creuse, et grimpant par le diaphragme jusques au-dessus des épaules (où ladite veine se divise en deux), prit son chemin à gauche, et sortit par l'oreille gauche.
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Je me doute que ne croyez assurément cette étrange nativité. Si ne le croyez, je ne m'en soucie, mais un homme de bien, un homme de bon sens, croit toujours ce qu'on lui dit et qu'il trouve par écrit. Est-ce contre notre loi, notre foi, contre raison, contre la Sainte Ecriture? De ma part, je ne trouve rien écrit dans les Bibles saintes qui soit contre cela. Mais, si le vouloir de Dieu tel eût été, diriez-vous qu'il ne l'eût pu faire? Ha, pour grâce, n'emburelucocquez *   jamais vos esprits de ces vaines pensées, car je vous dis qu'à Dieu rien n'est impossible, et, s'il voulait, les femmes auraient dorénavant ainsi leurs enfants par l'oreille.

Rabelais joue un jeu dangereux avec l'inquisition. Grâce à cette farce il critique les dogmes et l'intransigeance de l'église catholique. Ce n'est pas qu'un exercice de style. N'oublions pas le contexte historique. Etienne Dolet, contemporain de Rabelais a été pendu puis brulé au milieu des livres qu'il avait imprimés.
Rabelais nous donne une leçon de courage et d'audace. Il existe toujours un moyen de s'exprimer dans les pires situations.

Avons-nous aujourd'hui des auteurs de cette trempe?
Qui nous emburelucocque*   l'esprit?