SPINOZA _ L'ETHIQUE
Quatrième partie _ De la servitude humaine
PROPOSITION LXVII
L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse
est une
méditation non de la mort, mais de la vie .
DÉMONSTRATION
L'homme libre, c'est-à-dire celui qui vit selon le seul commandement de
la
Raison, n'est pas conduit par la crainte de la mort,
mais désire le bien directement ,
c'est-à-dire qu'il désire agir, vivre,
conserver son être selon le principe qu'il faut chercher l'utile qui nous
est
propre. Et par conséquent il ne pense à rien moins qu'à la
mort; mais sa
sagesse est une méditation de la vie.
Rien de lugubre dans cette citation. La prise de conscience , que nous ne
sommes pas éternels, c'est le début de la sagesse. Ça ne
nous interdit pas d'agir pendant notre courte période de vie.
Cette citation de Montaigne traite du même sujet. (CARSCS
**
)
Le but de nostre carriere c'est la mort, c'est l'object necessaire de nostre
visee : si elle nous effraye, comme est-il possible d'aller un pas avant, sans
fiebvre ? Le remede du vulgaire c'est de n'y penser pas. Mais de quelle brutale
stupidité luy peut venir un si grossier aveuglement ?