SPINOZA
L'éthique
Quatrième partie : De la servitude humaine
Proposition XXXVII
Scolie I
Celui qui, par sentiment seul, s'efforce de faire que les autres aiment ce
qu'il aime lui-même, et vivent selon son propre naturel , agit par
impulsion
seule, et par suite il se rend odieux, surtout à ceux qui ont d'autres
goûts,
et qui, pour cette raison, s'efforcent eux aussi, par une même impulsion,
de
faire que les autres vivent, au contraire, d'après leur naturel propre.
Ensuite, comme le souverain bien que les hommes désirent par sentiment
est
souvent tel qu'un seul puisse seulement le posséder, il s'ensuit que
ceux qui
aiment ne sont pas en eux-mêmes d'accord avec eux-mêmes et que,
tandis qu'ils
éprouvent du plaisir à chanter les louanges de la chose qu'ils
aiment, ils
craignent d'être crus.
Mais celui qui s'efforce de conduire les autres par la Raison agit, non par
impulsion, mais avec humanité et bienveillance, et reste en
lui-même
parfaitement d'accord avec lui-même.
Un bon conseil pour nos présidents et décideurs.