MONTESQUIEU _ Lettres persanes _ Lettre LVIII

Un nombre infini de maîtres de langues, d'arts et de sciences, enseignent ce qu'ils ne savent pas, et ce talent est bien considérable; car il ne faut pas beaucoup d'esprit pour montrer ce qu'on sait, mais il en faut infiniment pour enseigner ce qu'on ignore.

Est-ce de l'humour ou un jugement sévère sur ces contemporains enseignants?
J'ai été surpris en lisant Montesquieu par ce sens de l'humour raffiné. Il a fallu que je passe par Diderot pour redécouvrir cet auteur. J'avais gardé le souvenir scolaire d'un auteur ennuyeux. Est-ce la faute des enseignants, des programmes ou de moi, j'avais, à l'époque, d'autres préoccupations. J'ai eu de bons professeurs, mais mon orthographe déplorable (1) les perturbait. Pour eux il ne peut y avoir de connaissances livresques sans une maîtrise de l'orthographe.
Mon professeur de physique, qui devant mes erreurs de calcul (sans ma règle à calcul) (2) dit: "Jeune [ mon nom ], quand vous construirez des ponts je traverserai les rivières à la nage". C'était un bon prof très respecté et qui avait le sens de l'humour.
(1) Mais pas aussi lamentable que celle pratiquée par certains sur Internet.
(2) A l'époque la calculette n'existait pas.